L’année 2025 marque un tournant dans la cybercriminalité mondiale, et la France figure désormais parmi les pays les plus touchés. Selon le World Cybercrime Index, la France se situe en tête du classement européen des cyberattaques, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni. Cette dynamique n’épargne aucun secteur, et les institutions financières font désormais face à un niveau de menace inédit.
Face à cette intensification, la résilience n’est plus une option mais un impératif stratégique pour les banques, assurances et organismes financiers.
1. 2025 : une année marquée par l’explosion des cyberattaques
Le World Cybercrime Index 2025 souligne une augmentation significative des incidents en France, tous secteurs confondus. Les infrastructures critiques (énergie, santé, transports) restent en première ligne, mais les banques et assurances deviennent des cibles privilégiées, en raison :
du volume de données sensibles qu’elles traitent,
de la valeur des transactions financières,
et de leur rôle clé dans la stabilité économique nationale.
Les régulateurs européens — via DORA, NIS2 et l’AI Act — soulignent d’ailleurs que le secteur financier est parmi les secteurs les plus exposés aux risques de perturbation grave.
2. Un écosystème entier fragilisé : collectivités, opérateurs, hôpitaux… et institutions financières
La vulnérabilité croissante de l’écosystème français renforce l’exposition des banques et assurances.
Les attaques touchent désormais :
les collectivités territoriales, souvent frappées par des ransomwares paralysants ;
les hôpitaux, confrontés à la fuite massive de données médicales ;
les opérateurs télécoms, essentiels pour la connectivité ;
les prestataires technologiques de la chaîne financière.
Cette interdépendance crée un risque en cascade : la compromission d’un maillon peut affecter l’ensemble de l’écosystème financier, en particulier les tiers critiques (cloud, paiement, services IT).
3. Typologie des menaces : ransomware, fuites massives et paralysie opérationnelle
Les banques et assurances ont observé en 2025 une intensification de plusieurs types d’attaques :
• Ransomware ciblés
Les groupes cybercriminels utilisent désormais des tactiques d’intrusion avancées (exploitation de services exposés, compromission de prestataires, phishing augmenté par IA).
Objectif : paralyser les SI, chiffrer les données et extorquer des fonds.
• Fuites massives de données
Données clients, dossiers d’assurance, relevés bancaires, identités numériques…
Les attaquants privilégient la double extorsion : vol + divulgation.
• Attaques contre des infrastructures critiques
Une banque dépend de dizaines d’acteurs tiers : cloud, télécoms, PSP, éditeurs.
Le risque systémique augmente : une panne ou un incident cyber chez un acteur clé peut interrompre le service bancaire.
4. Cas concret récent : vol massif chez Bouygues Telecom (août 2025)
En août 2025, une attaque majeure a compromis 6 millions de comptes clients de Bouygues Telecom.
Bien que l’attaque n’ait pas directement visé une banque, l’incident illustre parfaitement :
la fragilité des données personnelles à large échelle,
la capacité de rebond d’une attaque vers d’autres secteurs,
l’exposition croissante des fournisseurs technologiques aux cybercriminels.
Les banques et assurances, fortement dépendantes de leurs prestataires, doivent intégrer ce risque dans leurs plans de continuité et de gestion des tiers critiques.
5. Comparaison internationale : la France parmi les pays les plus touchés
Le World Cybercrime Index 2025 révèle :
États-Unis : 2,5 millions de comptes compromis,
Inde : 1,2 million,
France : parmi les plus touchés d’Europe,
Chine : seulement 16 000 comptes compromis (écart lié au contrôle centralisé de l’accès au numérique et à la censure des infrastructures de communication).
Ces chiffres montrent que la France est un terrain privilégié pour les cybercriminels internationaux, notamment en raison :
de son infrastructure numérique très dense,
de ses services financiers interconnectés,
et de la richesse des données collectées.
6. Comment renforcer la résilience ? Les leviers clés
1) Plans de continuité et de reprise d’activité (PCA / PRA)
Les établissements doivent être capables de continuer leur activité même en cas de défaillance totale d’un système, grâce à :
des environnements de repli,
des tests PRA réguliers,
des scénarios de défaillance extrême (conformément à DORA).
2) Segmentation avancée des SI
Limiter la propagation d’un attaquant est crucial :
réseau interne compartimenté,
cloisonnement des environnements sensibles,
gestion stricte des identités et des privilèges.
3) Sauvegardes sécurisées et hors ligne
La règle 3-2-1, enrichie de sauvegardes immuables et hors-ligne, redevient essentielle pour contrer les ransomwares.
4) Renforcement des SOC (Security Operations Center)
Les SOC doivent intégrer :
détection comportementale,
analyse enrichie par IA,
automatisation de la réponse (SOAR),
surveillance continue des vulnérabilités.
1) Plans de continuité et de reprise d’activité (PCA / PRA)
Les établissements doivent être capables de continuer leur activité même en cas de défaillance totale d’un système, grâce à :
des environnements de repli,
des tests PRA réguliers,
des scénarios de défaillance extrême (conformément à DORA).
2) Segmentation avancée des SI
Limiter la propagation d’un attaquant est crucial :
réseau interne compartimenté,
cloisonnement des environnements sensibles,
gestion stricte des identités et des privilèges.
3) Sauvegardes sécurisées et hors ligne
La règle 3-2-1, enrichie de sauvegardes immuables et hors-ligne, redevient essentielle pour contrer les ransomwares.
4) Renforcement des SOC (Security Operations Center)
Les SOC doivent intégrer :
détection comportementale,
analyse enrichie par IA,
automatisation de la réponse (SOAR),
surveillance continue des vulnérabilités.
7. Sensibilisation et formation : le facteur humain reste déterminant
Plus de 80 % des incidents impliquent une action humaine : clic sur un email piégé, erreurs de manipulation, mauvaise gestion des accès.
La formation doit être :
continue,
adaptée aux métiers,
immersive (exercices, tests phishing, simulations de crise).
Les régulateurs eux-mêmes insistent sur ce point : pas de résilience sans montée en compétence humaine.
8. Rôle des CERT et importance de la coopération sectorielle
Pour les banques et assurances, la coopération est devenue un levier majeur de résilience.
• Rôle des CERT (Computer Emergency Response Teams)
partage d’indicateurs de compromission,
alertes précoces,
coordination lors d’incidents majeurs,
assistance technique en cas de crise.
Les CERT nationaux (CERT-FR) et sectoriels jouent un rôle crucial pour accélérer la détection et limiter l’impact des attaques.
• Coopération entre acteurs financiers
DORA insiste sur :
la cartographie des dépendances critiques,
le partage d’informations entre établissements,
les exercices collaboratifs de cybersécurité,
la supervision des prestataires essentiels.
La résilience devient une démarche collective — pas uniquement interne.
Plusieurs facteurs structurants expliquent cette tendance :
forte densité d’infrastructures numériques critiques,
interconnexion importante des acteurs financiers,
dépendance aux prestataires technologiques et cloud,
volume élevé de données personnelles de valeur,
maturité élevée des services numériques (paiements, banque en ligne, apps).
Ces éléments placent la France parmi les pays les plus attractifs pour les attaquants, selon le World Cybercrime Index 2025.
En 2025, les principales techniques observées sont :
phishing / spear-phishing (souvent augmenté par IA générative),
compromission de comptes tiers (MFA contournée),
exploitation de vulnérabilités exposées (0-day ou non patchées),
chaînes d’approvisionnement compromises (supply-chain logicielle),
ransomware avancés (double ou triple extorsion).
L’exploitation des tiers reste l’un des points les plus critiques pour le secteur financier.
PCA (Plan de Continuité d’Activité)
Assure la poursuite des services essentiels, même en cas d’incident majeur (cyber ou non).
→ Objectif : maintenir un niveau minimal de fonctionnement.PRA (Plan de Reprise d’Activité)
Décrit les étapes pour revenir à un fonctionnement normal après une interruption.
→ Objectif : restaurer systèmes, données et capacité opérationnelle.
Les deux sont obligatoires dans le cadre DORA pour les établissements financiers européens.
DORA impose notamment :
cartographie exhaustive des risques ICT,
tests réguliers de résilience,
supervision stricte des prestataires critiques (CTTP),
reporting d’incidents majeurs,
pilier cyber intégré au dispositif global de gestion des risques,
exigences renforcées de continuité d’activité et de PRA/PCA.
Le règlement couvre l’ensemble des acteurs financiers : banques, assurances, PSP, fintechs, infrastructures de marché, etc.
Oui.
Elles sont devenues un standard dans les secteurs critiques à cause :de la capacité des ransomwares modernes à chiffrer ou détruire les backups connectés,
de la propagation rapide latérale dans les réseaux,
des attaques visant directement les dispositifs de sauvegarde.
Une stratégie moderne combine :
backups immuables + backups hors ligne + réplication chiffrée + tests de restauration fréquents.
Conclusion
L’année 2025 confirme que le secteur bancaire et assurantiel évolue désormais dans un environnement où les cyberattaques sont structurelles, non exceptionnelles.
Pour faire face, les banques et assurances doivent articuler :
conformité DORA,
coopération avec les CERT,
supervision des tiers,
pratiques SOC modernes,
et une culture cyber solide au sein de leurs équipes.
La résilience n’est plus seulement une obligation réglementaire :
c’est un avantage stratégique pour les institutions financières qui souhaitent maintenir la confiance de leurs clients et partenaires dans un paysage de menaces en pleine mutation.

